A PROPOS DU LEVER DES MILLE SOLEILS: le point de vue de l'auteure sur sa démarche artistique.
Quand j'ai commencé mon projet en 1999, j'avais dans ma tête une histoire qui finirait en 40 pages. 10 ans plus tard, ma BD totalise environ 225 pages! Je réalisais un exploit personnelle quand j'ai dépassé le cap des dix premières pages de mon histoire! Au contraire de ma soeur, j'écrivais plus que je ne dessinais. J'ai passé mon adolescence à pondre des scénarios et des romans (que mes deux soeurs lisaient!) dans le but un jour de devenir écrivaine ou scénariste de film. Évidemment mon côté pragmatique ne m'a pas amené vers cette voie, mais l'écriture a toujours été un élément important dans ma vie. D'ailleurs, c'est à partir d'un de mes scénarios que Le lever des 1000 soleils a pris lentement forme. Entre le scénario d'origine et la BD finale, il y a un fossé de différences.
Au départ, le synopsis était très simple et ressemblait davantage à un documentaire: les derniers instants des dinosaures avant la collision vue par des extraterrestres qui visitaient la Terre à cette époque. Ces derniers devenaient donc le fil conducteur de l'histoire, des narrateurs presque invisibles en quelque sorte. Si les personnages dinosauriens tels que Garunda, Mahâtan ou Boubou étaient bien établis dans mon esprit, les extraterrestres sont devenu au fil de leur élaboration des personnages à part entière. Il ne pouvait plus servir de prétexte à l'introduction.
Avant de commencer, j'avais croqué des esquisses, des notes sur leur planète, leur société, leur culture et leurs traditions. J'ai donné aux extraterrestres un apparence plus humaine dans le but sans doute de nous reconnaître. Les Balkôviens et les Naalkinis, qui vivent pourtant sur la même île, sont deux peuples rivaux qui se chient constamment dessus. Je me suis inspiré de ma propre situation politique de mon pays, le Canada, qui entretient parfois des relations houleuses avec sa seule province francophone, le Québec. Les Balkôviens sont des conquérants de nature et le militarisme fait partie de leur culture tandis que les Naalkinis, plutôt artisan, ont développé davantage la science et les arts, grâce en particulier à la caste des prêtresses. La dualité entre ses deux peuples apparaît jusque dans leurs caractéristiques physiques: Les Balkôviens ont les cheveux blancs et la pointe des oreilles arrondie tandis que les Naalkinis ont en général la chevelure foncée et les oreilles qui finissent légèrement en pointe. Il n'y a que Laika qui hérite des deux origines...
Toute la génération de Laika a été marqué par la dernière guerre et les ressentiments sont loin d'être terminés...Le voyage vers la Terre peut-être interprété comme une sorte de rédemption ou l'ouverture de la connaissance de l'Autre.
La trame centrale de l'histoire tourne autour de la rencontre de deux cultures que tout oppose, a priori. La guerre en est la conséquence directe. Elle a ravagé physiquement et psychologiquement tous les personnages. Selon Maka, les hommes de sa génération sont tous entachés par le Mal, qui est la méconnaissance de l'Autre. Cette "tache" est symbolisée par le bandeau que porte Jovell à son oeil droit, dont Maka cherche à en percer l'origine. Elle-même souffre d'un mal similaire, à savoir la domination de la religion sur sa vie. Alors que Clio prône une religion oecumenique axée sur la définition de la Vie, celle de la famille de Maka repose sur l'abnégation de Soi et de la méfiance envers l'Autre...
La libération passe donc par la Baskava, fête initiatique lancée par Laika, afin de libérer les tensions et les préjugés qui fragilisent le coeur meurtri des deux peuples. La Baskava m'est venue à l'esprit à la suite de lectures anthropologiques sur les rites de passage d'Afrique et de l'Amérique du sud. Jovell et Maka passent ainsi à travers des épreuves oniriques pour se libérer de toute idéologie et se voir enfin tels qu'ils sont...
En développant le récit, je me suis rendu compte que l'histoire entre Maka et Jovell occupait toute l'attention, alors qu'au tout début j'avais pensé faire de Laika le personnage principal. Même chose pour Galaad! Finalement, ces deux personnages sont devenus en quelque sorte des initiateurs.
Les vêtements des prêtresses sont toujours extravagants dans le but d'impressionner. Pour ce costume-ci, je me suis inspiré des costumes vénitiens (le masque) et de mythologies: le hibou schématisé de la coiffe symbolise les connaissances cachées et la sagesse. La couleur noire représente le mystère.
Une autre sous-histoire qui est venu s'imbriquer dans cet univers est celle de Clio, la grande-prêtresse. Personnage emblématique, son rôle s'est considérablement étoffé par la séquence du pénitentier, que j'avais juste l'intention de survoler. Mais en dessinant Nergal, le sinistre directeur de la prison, j'ai décidé d'apporter une nouvelle dimension au récit en recourant toujours à des oppositions: la vie et la mort: Clio et Rehah/Arkas et Nergal; ami et ennemi: Arkas/Nergal; les températures extrêmes de Solunili: le soleil brûlant/ les vents froids, etc. Le dernier miracle que Clio fait à son mari Arkas, condamné à mourir, n'aide pas celui-ci à obtenir le pardon de Nergal.
Les Dinosaures: Quand j'élaborais la partie des dinosaures, ceux-ci ne devaient pas "parler". J'avais pensé que l'image seule pourrait expliquer le drame de leur histoire, mais très vite j'ai réalisé que la vie d'un animal pouvait être aussi complexe que celles des hommes, notamment avec les Styracosaures qui, selon l'histoire, vivaient d'après des règles hiérarchiques très précises.
On sait peu de choses sur le mode de vie des dinosaures, à part bien sûr que certaines espèces vivaient en troupeau et que d'autres vivaient en solitaire. Pour les Styracosaures comme Mahâtan et Boubou, je me suis largement inspiré du mode de vie matriarcal des éléphants et des hyènes. Le "grade social" d'un individu au sein d'un groupe et son "leg" de mère en fille existe réellement dans le monde animal. Les Styracosaures s'occupaient de leurs petits tout comme probablement les grands prédateurs tels que les tyranosaures. Contrairement aux petits des reptiles de type lézard ou serpent qui présentent dès leur naissance un faciès adulte, les bébés dinos avaient une face de bébé (grosse tête, petit nez et gros yeux mignons), incitant les parents à s'occuper d'eux. Nos connaissances actuelles semblent aussi démontrer que les jeunes étaient couverts de duvet. Boubou n'en a pas, car à l'époque où je l'ai dessiné l'idée était encore hypothétique tout comme les plumes chez certaines espèces comme les Raptor ou encore les tyranosaures!
Garunda est celui dont j'aimais beaucoup raconté l'histoire. Son association avec un oiseau est totalement imaginative, bien que pas impossible. Le T-Rex est de loin le plus populaires de tous les dinosaures. Ce théropode découvert en 1905 est le plus grand carnassiers de tous les temps. Son museau étroit et ses yeux placés au millieu de la tête lui permettaient une excellent vision stéréoscopique (comme la nôtre). Il pouvait ainsi évaluer nettement les distances. La mâchoire du tyranosaure avait une force phénoménale. Il pouvait arraché d'un coup des kilos de viande. Dans un documentaire, des scientifiques avaient démontrés qu'en un seul coup de gueule, le T-Rex pouvait arracher aisément la toiture d'une automobile... Bien que Garunda soit âgé d'une cinquantaine d'années dans mon récit, ce qui est exceptionnel, la longévité d'un T-Rex semble tourner autour de 30 ans. Les femelles atteindraient leur maturité sexuelle vers 18 ans. Les scientifiques débattent sur la vitesse de pointe que peut parcourir un tyranosaure chassant sa proie. On estime généralement que le T-Rex courait à la vitesse d'un sprinter humain avec des jambes qui faisaient tout de même de grandes foulées...
L'extinction des dinosaures: Même si une météorite a percuté la Terre voilà 65 millions d'années rien nous dit qu'elle fut la cause directe de leur disparition. Une météorite met à mal toutes les niches écologiques de la Terre sans discrimination. Comme les dinosaures représentaient une bonne partie de la biodiversité de l'époque et qu'ils se sont remarquablement bien adapté à différents environnements incluant les régions les plus froides, plusieurs espèces, peut-être les plus petites, auraient pu se sortir d'une telle catastrophe. Ce n'est que quelques millions d'années plus tard qu'ils auraient disparu...On explique mal encore aujourd'hui les extinctions de masse ainsi que les facteurs qui entraînent la disparition d'une espèce et l'apparition d'une autre. Tout récemment, des chercheurs ont constaté chez les bélugas et les ours polaires des hybridations interespèces dûes aux changements climatiques (revue les Mondes de l'Inconnu no.348) Nous ne savons pas encore si leur descendance est féconde...
Dans le Lever des 1000 Soleils, la catastrophe n'est pas un agent extérieur de la planète, mais une menace venant de la Terre elle-même: sa propre gravité. Un changement subit de la gravité terrestre provoquerait autant de dégâts qu'une météorite et semble, selon moi, plus sournoise et menaçante. Cette hypothèse originale vient du site de Frédéric Malmartel qui en expose les principales idées dont je me suis en partie inspirées et qui amènent de nouveaux questionnements sur la biologie et l'environnement. Dans mon histoire, j'avais imaginé que les dinosaures étaient une espèce sur le déclin, ne se reproduisant plus pour une raison qui leur échappait. La baisse de gravité entraînait l'ouverture de "trous de ver" permettant à des esprits d'autres dimensions parallèles de s'infiltrer et d'harceler les animaux. Il se peut que les forces de la Nature obéissent à ce qu'on appelle en esotérisme des "esprits élémentaux" et que la Terre possèderait un esprit propre (la théorie Gaia) dont les fameux crop circle seraient une de ses manifestations. À la fin de mon récit, Jovell et Laika voient cet esprit prendre la forme d'une entité humanoide avant de disparaître...La Vie est-elle le fruit d'un heureux hasard ou poursuit-elle un but dont nous faisons tous partie?
On sait peu de choses sur le mode de vie des dinosaures, à part bien sûr que certaines espèces vivaient en troupeau et que d'autres vivaient en solitaire. Pour les Styracosaures comme Mahâtan et Boubou, je me suis largement inspiré du mode de vie matriarcal des éléphants et des hyènes. Le "grade social" d'un individu au sein d'un groupe et son "leg" de mère en fille existe réellement dans le monde animal. Les Styracosaures s'occupaient de leurs petits tout comme probablement les grands prédateurs tels que les tyranosaures. Contrairement aux petits des reptiles de type lézard ou serpent qui présentent dès leur naissance un faciès adulte, les bébés dinos avaient une face de bébé (grosse tête, petit nez et gros yeux mignons), incitant les parents à s'occuper d'eux. Nos connaissances actuelles semblent aussi démontrer que les jeunes étaient couverts de duvet. Boubou n'en a pas, car à l'époque où je l'ai dessiné l'idée était encore hypothétique tout comme les plumes chez certaines espèces comme les Raptor ou encore les tyranosaures!
Petit théropode genre Microraptor en train de dévorer sa proie. En Chine, des gisements entiers de nouvelles espèces ont donné une refonte complète du look des dinosaures!
Garunda est celui dont j'aimais beaucoup raconté l'histoire. Son association avec un oiseau est totalement imaginative, bien que pas impossible. Le T-Rex est de loin le plus populaires de tous les dinosaures. Ce théropode découvert en 1905 est le plus grand carnassiers de tous les temps. Son museau étroit et ses yeux placés au millieu de la tête lui permettaient une excellent vision stéréoscopique (comme la nôtre). Il pouvait ainsi évaluer nettement les distances. La mâchoire du tyranosaure avait une force phénoménale. Il pouvait arraché d'un coup des kilos de viande. Dans un documentaire, des scientifiques avaient démontrés qu'en un seul coup de gueule, le T-Rex pouvait arracher aisément la toiture d'une automobile... Bien que Garunda soit âgé d'une cinquantaine d'années dans mon récit, ce qui est exceptionnel, la longévité d'un T-Rex semble tourner autour de 30 ans. Les femelles atteindraient leur maturité sexuelle vers 18 ans. Les scientifiques débattent sur la vitesse de pointe que peut parcourir un tyranosaure chassant sa proie. On estime généralement que le T-Rex courait à la vitesse d'un sprinter humain avec des jambes qui faisaient tout de même de grandes foulées...
L'extinction des dinosaures: Même si une météorite a percuté la Terre voilà 65 millions d'années rien nous dit qu'elle fut la cause directe de leur disparition. Une météorite met à mal toutes les niches écologiques de la Terre sans discrimination. Comme les dinosaures représentaient une bonne partie de la biodiversité de l'époque et qu'ils se sont remarquablement bien adapté à différents environnements incluant les régions les plus froides, plusieurs espèces, peut-être les plus petites, auraient pu se sortir d'une telle catastrophe. Ce n'est que quelques millions d'années plus tard qu'ils auraient disparu...On explique mal encore aujourd'hui les extinctions de masse ainsi que les facteurs qui entraînent la disparition d'une espèce et l'apparition d'une autre. Tout récemment, des chercheurs ont constaté chez les bélugas et les ours polaires des hybridations interespèces dûes aux changements climatiques (revue les Mondes de l'Inconnu no.348) Nous ne savons pas encore si leur descendance est féconde...
